Ah ! Les pépettes, le flouze, le fric, les thunes, les talbins, les biffetons, les sous, et j’en passe. Depuis toujours, que vous en ayez ou pas, l’argent est un problème. « En ais-je trop et je peux avoir peur de manquer ». « J’en manque et je peux craindre de ne joindre les deux bouts ». Dans tous les cas l’argent est objet de pouvoir, de reconnaissance, d’affirmation de soi, de puissance, de réussite dans une société à propos de laquelle un publicitaire connu disait il y a quelques temps: « Si à 50 ans, t’as pas une Rolex, t’as raté ta vie !« . Or, une Rolex, c’est minimum 4 à 5.000,00 €… Et tout le monde n’en n’a pas les moyens. Loin s’en faut. Il semble d’ailleurs que certains qui en aient possédé à cet âge aient été contraints de les revendre pour cause de disette… D’autres qui les ont peuvent craindre d’être forcé à s’en acheter une pour qu’il ne soit pas dit d’eux qu’ils ont raté leur vie. Cruel dilemme, cruelles angoisses. En avoir ou pas de l’argent?
En quoi l’argent est-il un facteur d’angoisse
Que vous le vouliez ou pas, vous, nous vivons dans une société dite de consommation. Comme vous le savez il existe un moyen d’échanges entre un service rendu ou un bien acquis, c’est l’argent.
L’argent est le nom donné à un métal précieux dont la valeur évolue suivant des critères qui échappent la plupart du temps aux néophytes dont je suis. Entre les flux d’argent, les échanges commerciaux, le cours des devises augmentés de tout un tas d’autres critères, vous pouvez « gagner » 1.500,00 € en France et être considéré comme un travailleur pauvre (je pense aux enseignants par exemple) et être la même personne qui gagne la même somme mais est le roi ou la reine dans un pays où le change lui est favorable. Ainsi, de plus en plus de retraités, pour vivre de façon digne, quittent la France pour vivre au Maroc.
Dans ces deux cas, au regard de vos frais fixes,vous pouvez craindre de manquer d’argent et de ne pouvoir honorer vos factures. Qu’il s’agisse de votre loyer, de vos mensualités diverses, si vous manquez à vos engagements, gare à vous ! La société vous rappellera à vos obligations avec une violence inouïe !
L’argent, comme l’immobilier ou l’automobile, les bijoux, le mobilier, les vêtements que vous portez, tous ces éléments sont autant de codes qui donnent de vous aux autres une certaine image. Identifié(e) comme en ayant ou pas vous êtes classé(e), rangé(e) dans une case sociale plutôt qu’une autre. Mais, vous n’êtes pas archivé(e) dans cette même case car, du jour au lendemain, il se peut que vous n’apparteniez plus à la case initiale. Les éléments du système bougent continuellement. J’en veux pour preuve la crise de 29 aux Etats-Unis, ou celle que vous et moi comme des milliards d’êtres humains sur cette terre subissons depuis le 15 septembre 2008.
A compter de ces deux dates, des milliers de gens, pour ne pas écrire des milliards de personnes se sont trouvées plongées dans l’angoisse qui de n’avoir plus d’argent, qui de craindre pour son travail, pour sa famille, pour ses frais de santé, pour sa maison achetée à crédit, que sais-je encore.
L’argent est une source d’angoisse car dans une société toujours plus chère, si vous n’avez pas d’argent vous n’êtes rien, vous n’êtes plus personne. Ignoré(e), malmené(e), critiqué(e) voire exclu(e), vous n’êtes plus digne d’être dans le système. Tel un paria, vous quêtez, quémandez même, au sens de certains, une ou des aides que vous avez toutes les raison de craindre que l’on vous refusent.
Sans argent, vous n’êtes plus reconnu comme un être humain qui possède une valeur intrinsèque, lui même. Sans argent vous n’alimentez plus le système qui se nourrit de vous, de nous. L’idée même de la perte, de la perte de soi, de la perte d’identité, de la perte de sens, fait de vous des victimes d’un système qui s’auto détruit de ses propres excès (cf. Karl Marx) dans lequel la pauvreté semble être organisée en un système rentable qui enrichit plus encore les plus riches. Ainsi, dans le respect de la Loi de Paretto, 80 % des personnes alimentent en richesses diverses 20 % d’une population la plus riche laquelle s’enrichit de ces 80 %.
Le dilemme est que ces 80 %, du moins sa grande majorité, s’activent à perdre leur vie à la gagner en espérant intégrer les 20 autres pour cent. Comme dans toute chose, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. La bataille, pour ne pas écrire la guerre, est rude et fait des ravages considérables. Chacun, pour se protéger de sa peur du manque, donc de ses angoisses, usent et abusent de subterfuges toujours plus inventifs pour contourner le problème, celui de l’angoisse du manque, celui de la frustration. En agissant de la sorte, sans que cela n’enlève rien à l’honnêteté de la plupart des gens, il naît un paradoxe qui veut qu’une société plus honnête veuille se créer sur un lit dont les draps, imanquablement, sont sales et l’ont toujours été !
Quand l’argent nourrit un paradoxe effarant
Depuis 18 ans que j’exerce la thérapie comportementale au sein de mon cabinet de thérapie comportementale à Paris, j’ai rencontré autant de gens riches, voire très riches, que de gens pauvres voire très pauvres.
Tous, de façon parfois trés étonnante, étaient sujets au même problème: la peur du manque, l’angoisse de ne pouvoir. J’ai souvenir d’un monsieur qui travaillait dans la finance. Il occupait des fonctions de cadre de très haut niveau. Je pense qu’il gérait des milliards. Il en était arrivé à un niveau d’angoisses telles qu’elles s’étaient muées en anxiété généralisée. Il gagnait très très bien sa vie et le handicap généré par son stress lui faisait craindre de non seulement faire perdre de l’argent à ses clients mais aussi que ses propres revenus en soient affectés.
Comme la plupart des gens en pareille situation, il essayait de contrôler son problème alors qu’il avait de plus en plus de mal à se rendre au « Desk », son bureau, devant ses écrans et son téléphone multi ligne. Une fois sur place, les écrans scintillaient devant lui lui procurant des symptômes de peurs de plus en plus forts. De plus en plus régulièrement, il souffrait tellement, qu’il finissait par rentrer chez lui. Cette seule idée le plongeait dans le plus profond désarroi. Il avait honte de ne pas savoir dépasser son problème, avait peur du jugement des autres, peur de perdre ses avantages financiers liés à sa fonction et se sentait coupable de mettre sa famille en danger.
Dans la même veine, une jeune enseignante est venue me consulter. Dépressive et angoissée, elle avait été menacée de mort par une mère plus jeune qu’elle. Elle enseignait dans une zone dite défavorisée. Mise ne arrêt de maladie, elle envisage de reprendre ses activités mais angoisse à cette idée. Elle souffre d’angoisse nocturne comme d’angoisse matinale. Sa famille, tous enseignants, fait pression pour qu’elle reprenne.
Cette jeune femme est en fait terrorisée à l’idée de reprendre. Mais elle est aussi terrorisée à l’idée de ses pertes de salaire liés à la succession de ses arrêts de maladie. L’Education nationale l’a suivi autant que la Loi le lui permettait. Au delà, c’est la Sécurité Sociale laquelle se fait tirer l’oreille. Cette jeune femme a pris contact avec l’inspecteur académique lequel lui a raconté la messe en essayant de la circonvenir pour qu’elle reprenne normalement ses fonctions. Elle courageusement tenté, s’est rendue devant la grille e l’école où elle enseigne et… a fondu en larmes. Angoissée à l’aidée de reprendre et anxieuse à l’évocation de la perte financière liée à son arrêt maladie.
Au cours d’une consultation, cette jeune femme et moi avons envisagé une autre activité professionnelle. Je lui ai demandé si l’argent était pour elle un problème. Elle m’a répondu qu’au regard de son diplôme, elle avait toujours agi de sorte à enseigner et pas autre chose. Elle n’envisageait pas de changer pour, par exemple, un métier de journaliste. Oui, elle aurait perçu plus d’argent mais le contexte ne lui convenait pas. Elle voulait juste enseigner et ne pas perdre d’argent. Elle ne pouvait satisfaire ni l’un ni l’autre.
Quant à notre ami financier, il avait le même problème. Il a insisté et encore insisté au point de nécessiter d’être hospitalisé. Puis il est revenu me consulter. Il a changé d’employeur et occupe d’autres fonctions. Il a résolu son problème d’argent, autant celui de sa culpabilité liée à ses relations clients qu’à propos de sa famille.
L’un comme l’autre, en résistant ont, encore une fois, enrichi leur problème. Ils évoluaient dans une sorte de double contrainte. En avoir oui mais à des conditions épouvantables émotionnellement parlant. Ne pas en avoir oui, mais avec des conséquences épouvantables.
Il aura fallu beaucoup de réflexions et de mesures stratégiques pour résoudre un problème d’angoisse qui reposait sur une peur de ne pas avoir suffisamment d’argent voire d’en avoir trop. Ce paradoxe infernal a mené ces deux patients à des états de souffrance qui, là aussi de façon paradoxale et inattendue, leur ont fait comprendre que leur positionnement social et professionnel n’était pas le bon et que, de fait, l’un comme l’autre se faisait du mal!
Ré investir leur relation à l’argent a leur a permis de se ré investir, de se positionner de façon différente dans le respect d’eux mêmes. Seules, leurs peurs respectives leur faisaient résister à ce changement lequel, pourtant, s’est avéré être le meilleur investissement en matière d’équilibre émotionnel, d’image de soi, de confiance en soi, bref, de développement personnel. Ainsi, ils ont mis un terme à un conflit intra psychique terrible dont je vous parlerais dans un prochain article.
P.S: Une dernière précision. Si vous souhaitez découvrir comment nous avons fait pour résoudre ces épineux problèmes, je vous invite à vous inscrire à l’aide des fenêtres qui s’ouvre devant chaque nouvel article. Vous pouvez aussi utiliser le Programme ACE ou vous faire plaisir pour aller bien grâce à la E Boutique.