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La glossophobie est-elle une phobie comme les autres

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Quand une forte personnalité est victime de glossophobie

Quand Anne passe la porte de mon cabinet, je ressens immédiatement une femme pleine d’autorité. Elle en impose par sa présence physique malgré une voix douce mais qui sait se montrer ferme et assurée. En tous cas devant un interlocuteur unique. J’ai l’impression d’avoir devant moi une personne qui sait ce qu’elle veut, qui sait où elle va et qui sait comment satisfaire ses volontés.

Mes premières impressions seront fausses puisqu’il est vrai que puisque Anne vient me consulter, c’est qu’il y a un problème. Son problème est qu’à l’idée de parler en public, ses certitudes s’effondrent. A l’idée de s’exprimer en public, Anne est prise de symptômes qui sont à la fois de l’ordre physique, psychique et relèvent aussi de l’évitement.

En bref, Anne est victime de glossophobie. Mais, cette phobie est-elle une phobie comme les autres?

Définition de la glossophobie

Avoir peur de parler en public se traduit par des symptômes physiques:

  • Transpiration
  • Accélération du rythme cardiaque
  • Jambes en coton
  • Difficultés à respirer
  • Mains moites
  • Difficultés à articuler
  • Problèmes à faire porter sa voix
  • Nécessité de boire beaucoup

La glossophobie se manifeste aussi au travers de divers symptômes psychiques:

La peur de parler en public se réfère donc à une difficulté, voire à une impossibilité, à s’exprimer devant un public, sachant que ce dernier est à considérer comme tel à partir de 2 personnes. Cela induit aussi une peur associée à un espace ouvert, grand, large et rempli de monde qui sont autant de paires d’yeux braqués sur vous ! Autant dire une terrible pression surtout dans la situation de Anne.

La pression des regards accentue le trouble au point, parfois, si ce n’est souvent, de générer des crises de panique. Il y a donc une impossibilité accessoirement chronique chez la personne qui en est victime à prendre place, à s’affirmer, et à prendre la parole.

La peur de parler en public est-elle une phobie comme les autres

Le principe d’une phobie, c’est l’utilisation d’une peur qui en masque une autre plus importante. Je m’explique. La phobie consiste à éviter quelque chose qui vous inquiète. Consciemment ou pas, vous focalisez votre attention sur votre objet phobique. Ainsi, vous pouvez souffrir de la phobie des avions, de la peur des oiseaux, d’aquaphobie ou encore d’astraphobie (peur du tonnerre) et… je m’arrête là (ce sont juste des exemple).

Vous allez focalisez votre attention – au point d’être particulièrement stressé – pour éviter tout ce qui peut vous mettre au contact de près ou de loin à votre phobie. Vous allez donc vous employez à stratégiquement mettre en place tous les comportements possibles pour vous protéger.

La glossophobie – ou peur de s’exprimer en public – relève du même problème. De fait, la peur de parler en public est une phobie – une peur – comme toutes les autres.

A ceci près, vous l’aurez bien compris, que cette phobie a pour objet de vous protéger d’un problème plus important, plus grave, que la phobie dont vous êtes affecté. Et c’est précisément ce que Anne, et moi, allons nous employer à débusquer pour que, si tel est le choix de cette patiente, elle puisse parler en public en toute confiance.

Anne, la glossophobie et les démons du passé

Anne a 42 ans. Depuis 8 ans, elle est Directrice Générale d’une mutuelle. Elle a des responsabilités professionnelles importantes, est souvent en déplacement. Tout se passe très bien pour elle. Elle s’estime dûment récompensée d’années d’études. Elle estime avoir réussi mais craint pour son avenir. Elle a récemment encore été confrontée à un problème récurrent. Son impossibilité à prendre la parole devant un parterre de représentants locaux et régionaux.

Glossophobie ou peur de parler en public

La glossophobie

Jusqu’à il y a peu, à force d’anxiolytiques et de bêtabloquants, elle a, à peu près, pu gérer la situation. Elle est convaincue que ce public, comme ses plus proches collaborateurs et collaboratrices, ne sont pas dupes de sa situation émotionnelle. Elle dit en devenir paranoïaque dans la mesure où elle a cru pentendre des remarques désobligeantes la concernant à la suite de sa dernière intervention. Elle commence à pleurer.

Je lui demande de me raconter cette dernière réunion. Elle me parle de ses émotions avant, de ses émotions pendant, de ses émotions après. De son épuisement par la suite. C’est d’ailleurs ce qui l’a invité à me consulter. Elle veut que cela cesse, rapidement, car, à son sens, les enjeux sont importants. Elle craint pour son poste.

Après m’avoir expliqué toutes ses tentatives de solutions pour éviter son problème, Anne, à ma demande, m’explique que ce problème a toujours été présent. Nous commençons à avancer de façon rétro active. J’entends par là que je trouve intéressant de visiter l’histoire de cette femme en lien avec le problème de phobie dont elle me parle.

Fille ainée d’une famille peu aisée, Anne a réussi à force d’amour et de sacrifices. Elle a exigé d’elle même cette réussite. C’était sa réponse à l’amour et aux sacrifices de ses parents. Ses propres sacrifices s’étant exprimés par peu de sorties, peu de relations sociales, quasiment pas de relations sentimentales. Jeune, elle s’est toujours employée à travailler d’arraches pieds, toujours inquiète de réussir, d’être la première. Nous commençons à toucher le problème. Celui de la légitimité.

Anne m’explique combien il lui aura fallu se battre pour arriver là où elle est. Joli appartement, bon boulot, joli carnet d’adresses, beaux vêtements mais… bien seule… Presque phobique sociale ce qui, dans sa situation professionnelle, constitue un sacré paradoxe !

A l’école, comme à l’université, Anne a toujours été anxieuse à l’idée de prendre la parole. peur de mal dire, peur de mal faire, peur d’échouer. Cela fait des années que cette femme se protège avec moult médicaments mais force est de constater qu’ils n’ont plus les effets escomptés.

Pour faire court, Anne a toujours essayé de contrôler son problème d’illégitimité. Elle a pris et repris le contrôle de son problème jusqu’à ce que cela ne fonctionne plus et la plonge dans ce qu’elle cherchait précisément à éviter. Son passé l’aura donc rattrapé. Celui-là même qu’elle appellera « mes démons ».

Comment Anne va t-elle vaincre sa peur de parler en public

Afin d’aider Anne à faire la paix avec son passé, je vais lui proposer d’utiliser un langage qui lui permette de mettre son cerveau en paix d’une part, et d’en cesser avec ses peurs d’anticipation. Un langage hypnotique. J’explique à Anne de quoi il retourne.

Je reconnais qu’il a été délicat de convaincre Anne d’agir de la sorte mais elle avait un tel désir de ne plus souffrir qu’elle a fini par accepter. Dans le même temps, j’ai demandé à cette personne de faire certains exercices de sorte à ce que la petite fille laisse en paix la femme – l’adulte -, de sorte à ce que chacune soit à sa place et puisse vivre sa vie en… paix de l’autre. Son problème d’illégitimité la faisait réagir de façon infantile alors qu’elle est une adulte.

Effectivement, à chaque fois que Anne devait parler en public, ses peurs d’enfant qui s’exprimaient et barraient le passage à l’adulte accomplie. Celle-là même qui, dans la plupart des circonstances de sa vie, tant personnelles que professionnelles, savait faire preuve, et acte, de confiance en soi et d’affirmation de soi.

Anne a cessé de venir me consulter après la 3ème séance. L’année dernière, j’ai lu dans un journal qu’elle avait pris la présidence du groupe de mutuelles pour lequel elle travaille. J’ai imaginé que cette promotion signifiait que tout allait bien pour elle. Peut-être me fais-je des idées?


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