Il y a des jours au cours desquels je me dis que je fais un métier difficile. Il m’arrive de commettre des erreurs qui me valent des récriminations sans appels mais, parfois, il y des moments où je me dis que le métier que je pratique, la cocontrôler angoisse et crise d angoisse en 2 minutes, est un métier à hauts risques.
Il m’est déjà arrivé de me faire copieusement agressé par des patients – verbalement la plupart du temps et dans peu de cas il est vrai mais quand même – ou d’être trainé dans la boue par messages interposés. J’en veux pour preuves quelques commentaires acerbes délivrés par quelques internautes chagrins (les haters) qui oublient un peu trop souvent que la délation est un délit puni par le Code Civil ou le Code Pénal (je ne sais plus). Préciser ce dernier point ne m’est d’aucun intérêt. Dans le cas contraire je participerais moi même à des comportements délétères, ce qui ne me serait d’aucun profit.
Pour autant, il y a des moments où la coupe est pleine ou, à défaut, je trouve certaines appréciations tellement injustes que je ne peux envisager de me taire au risque de faire de moi le complice de la mauvaise foi de quelques uns ou quelques unes… C’est l’expression de leur résistance au changement. De quoi s’agit-il?
Ce que j’aurais du faire
Je me rappellerais de ce coup de téléphone et de ce qu’il s’en est suivi toute ma vie. Ce ne constitue en rien un souvenir traumatique, juste la mémoire d’un évènement dont j’ai su dès le départ qu’il était une source d’ennuis. Je n’ai pas souhaité y prêter garde, j’ai voulu bien faire et… mal m’en a pris.
Un jour, comme souvent, mon téléphone sonne. Une personne a la voix assez jeune souhaite prendre un rendez-vous à propos de phobie persistante et d’une plus particulièrement, la peur de l’avion. Cette personne m’explique que son métier la fait se déplacer souvent et qu’elle n’est pas nécessairement disponible en semaine. J’accède donc à sa demande qui est que je consulte un… dimanche (ce sera la seule et dernière fois de ma carrière de thérapeute comportemental).
Au jour dit à l’heure dite, arrive cette personne. Immédiatement, je ressens que cette prise en charge ne sera pas facile. La personne intéressée m’explique son problème, me raconte brièvement mais longuement quand même son histoire de vie et, partant, ses problèmes existentiels. Rapidement, je trouve ce récit très égocentré mais une longue litanie remplie de revendications affectives et de blessures narcissiques à propos desquelles la phobie exprimée est un symptôme bien compréhensible, logique.
Au cours de cette première consultation, je me sens mal à l’aise. J’ai l’impression d’avoir devant moi quelqu’un qui réclame de l’aide mais ne semble pas disposer à se comporter comme une personne cliente d’une intervention thérapeutique. Dans notre langage de comportementaliste, cela signifie qu’un être se plaint de ce dont il souffre vraiment mais, pour autant, n’est pas prêt au changement.
J’entends donc le problème comme le besoin. Cette personne doit se rendre à l’étranger pour rencontrer quelqu’un de très connu. Cette rencontre, si elle a lieu, pourrait donner un très fort coup d’accélérateur à mon patient. Or, pour aller là bas, il lui faut prendre l’avion alors qu’elle a très peur de l’avion. D’où le problème.
Au bout d’une heure de consultation, j’utilise délibérément l’approche systémique de Palo Alto et répète à l’envi à ce patient ou à cette patiente qu’elle n’est nullement prête à prendre l’avion et qu’en conséquence, il va lui falloir trouver une autre solution. J’entends encore la surprise issue de la bouche de l’intéressé qui me dit que cela n’est pas possible – d’en rester à sa phobie de l’avion -, qu’elle ne peut l’accepter. J’en prends acte, en conviens, et donne des exercices à faire. Un second rendez-vous est pris, puis un autre puis… plus rien.
A compter de ce moment là, j’ai bien évidemment compris que j’avais thérapeutiquement « échoué » mais aussi que je risquais de « payer » cet échec à un moment ou à un autre.
Cette personne est devenue un personnage public, connu du grand public et ce de façon croissante. C’est très récemment que j’ai eu confirmation de mes craintes de l’époque – cet évènement remonte à quelques années – et intégré que ce que j’aurais dû faire.
Je n’aurais pas dû recevoir cette charmante personne. Pas un dimanche d’une part, et dans tous les cas, pas plus d’une fois ayant compris que, sur le fond, elle n’était pas cliente du changement. Sa peur de l’avion – une phobie – la protégeait d’un certain nombre de problèmes liés à la construction de sa personnalité. Cela la protégeait de ses angoisses, de la peur de prendre des risques, de la peur de s’affirmer.
Bien qu’elle s’en défende, il est vraisemblable que ce n’est que dans le conflit qu’elle peut exister. Comme si cette personne avait plaisir à une forme de douleur intérieure qu’elle n’envisageait pas d’abonner comme elle avait le sentiment de l’avoir été elle même (ou, à tout le moins, d’avoir été livrée à elle même). Elle n’était donc pas prête à changer.
J’aurais l’occasion de vérifier cette hypothèse dans le cadre d’un conflit exposé en place publique et qui l’a récemment opposé à une autre personne connue (ce que, par ailleurs, je trouve regrettable et nuisible bien qu’il soit notoire que dans le métier exercé par cette personne, les questions d’égo sont légion).
Maintenant, je vais vous expliquer ce qu’il s’est passé ensuite et vous comprendrez pourquoi j’ai écrit cet article.
Un bel exercice de mauvaise foi
Il y a quelques temps, je me suis retrouvé dans une gare parisienne a attendre un ami qui venait quelques jours. En avance sur l’horaire (ne dit on pas qu’être en avance est le meilleur moyen d’être à l’heure?) je rentre dans un magasin de journaux et commence à feuilleter quelques quotidiens et autres mensuels. Jusqu’à ce que je remarque en première page la photo de mon ex patient et qu’il soit fait état d’un interview. Je ne résiste pas au plaisir de lire ce que cette personne raconte d’autant plus qu’il y est question de psychologie. Ma curiosité a été servie !
Cette personne est interrogée sur son parcours professionnel et il est convenu qu’elle est de plus en plus connue. Je vous passe les questions habituelles en pareille situation. Jusque là rien que de très habituel. C’est quand il est fait état de la « psychologie du personnage » que cela devient intéressant.
La personne en question confesse quelques difficultés personnels, une histoire de vie un peu spécifique et les liens qu’elle a entretenu avec différents psy. A la lire, aucun n’a convenu. J’ai le sentiment, à la lire toujours, que les psy sont tous nuls ! Aucun n’aurait su ou pu aider cette personne a sortir de ses problèmes personnels. Cela arrive effectivement, mais est souvent lié ou à l’incompétence de l’intervenant ou à la résistance au changement de la personne qui consulte.
De plus, ne tomber que sur des psy nuls, il faut avouer que cela relève d’une certaine constance de la part de cette personne… Passons. Alors, ou ce sont les psy ou c’est elle. Allez savoir…
Quoiqu’il en soit, cette personne explique qu’elle a donc beaucoup consulté sans grand succès et est même allée jusqu’à consulter des comportementalistes. deux semble t’il.
Le premier est connu, elle rêve de le voir – elle en ri avec la journaliste – mais ne… l’a jamais vu. Ah… Le second, cette personne l’a consulté pour des problèmes liés à sa peur de prendre l’avion. Et ces consultations étaient d’autant plus importantes qu’elle devait prendre un avion pour rencontrer quelqu’un qui devait lui proposer un contrat. Mais cette personne était à plusieurs milliers de kilomètres, d’où l’avion.
Le second psy comportemental, je pense que c’était moi. Et cette personne dit que j’étais nul car je lui répétais à l’envi qu’elle n’était pas prête à prendre l’avion et qu’il ne fallait surtout pas qu’elle le prenne… et pour cause ! Je m’en vais vous expliquer pourquoi je tins tel langage.
Pour être bref, sachez que, mue par une énergie soudaine – réactive -, cette personne a pris l’avion le jour de son anniversaire. Depuis lors, sa carrière monte, et monte et monte encore bien que parsemée de conflits notoires et mis à la connaissance de tout le monde. Mais, cela est une autre histoire, bien qu’elle ait un intérêt certain avec ce qui va suivre.
Contourner la résistance – Aller stratégiquement contre le patient
Sur la foi de s éléments que ce patient porte à ma connaissance au cours de sa première consultation,je comprends que j’aurais fort à faire. Bien qu’elle semble le dénier, cette personne est en quête de reconnaissance et se comporte d’une façon telle qu’elle agit de sorte à provoquer écoute et reconnaissance.
A cette fin, elle semble utiliser des comportements victimologiques, ce qui se traduit par une écoute forcée – contrainte – de ses interlocuteurs. De fait, abonder dans son sens en légitimant sa vision des choses « je suis une victime, mais une victime courageuse et opiniâtre » semble bien fonctionner. Oui, mais elle vient me consulter pour des problème de phobie et si je sens bien que ses névroses sont un frein, ce n’est pas le problème. Le seul objectif de ces consultations est de prendre l’avion ! Et cette idée, à elle seule, provoque des angoisses terribles chez cette personne. Dont acte.
Une fois les tentatives de solutions identifiées, le seul ressort thérapeutique et stratégique qu’il me reste est d’en rajouter. C’est à dire de pratiquer un truc thérapeutique connu des comportementalistes dont je m’enorgueillis d’être. J’ai nommé: la prescription de symptômes. Kezako?
En fait, il s’agit, non pas de rassurer le patient – ce qui est totalement inutile et risque d’accroître ses symptômes en plus de lui faire avoir de lui une image négative s’il ne réussit pas. L’idée c’est d’en rajouter au problème – travailler sur l’impossibilité de trouver une solution – pour faire réagir la personne intéressée et qu’ainsi elle trouve ses propres ressources pour résoudre son problème.
Et c’est, précisément ce que j’ai fait avec cette personne. Et je l’ai tellement bien fait qu’elle… a pris l’avion le jour de son anniversaire ! La suite, « on » la connaît.
Alors, puisqu’elle a réussi cela, je veux bien être nul. Si réussir c’est être nul, alors, je veux bien être nul !
Moralité de cette histoire
Je trouve qu’il n’y a rien de plus désagréable que ces comportements qui consistent à dire que lorsque l’on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. Cette façon de justifier un comportement pas ou mal assumé qui consiste à en imputer la responsabilité d’un choix à d’autres qu’à soi est assez pénible.
Et c’est précisément ce qu’a fait cette personne. Sous des comportements joviaux, elle met en avant sa victimologie pour mieux justifier ses problèmes tout en disant que ce sont les autres qui posent problèmes et que c’est grâce à elle que de solutions ont été trouvées.
Vraisemblablement, cette personne rencontre des problèmes de comportements. J’en suis désolé pour elle mais ne peut accepter de me rendre complice de sa séance de personne innocente alors qu’elle sait très bien ce qu’elle fait. Ou, alors, elle est gravement troublée psychologiquement ce qui expliquerait certaines façon de faire et ferait écho aux problématiques personnels qu’elle évoque d’ailleurs dans l’article qui lui a été consacré.
Mais, là aussi, force est de constater qu’elle incrimine les autres tout en précisant s’en être sortie seule. De fait, cette personne persiste dans sa logique qui consiste à tenir des propos discriminatoires sur les autres pour rester dans la lumière. De là à penser qu’elle pense que les gens sont suffisamment bêtes pour y croire, il n’y a qu’un pas. Qui veut le franchir?
cocontrôler angoisse et crise d angoisse en 2 minutes