Voilà ! La rentrée scolaire a eu lieu pour des milliers, si ce ne sont pour des millions d’enfants. Les parents ont bien évidemment leur lot à ce sujet. Le moment de la rentrée scolaire est celui de l’organisation familiale, professionnelle. Qui fait quoi, comment? Qui va chercher les enfants? Lequel d’entre les adultes les dépose? Qui les garde? Et quelles activités extra scolaires, etc.
Les enseignants ne sont pas épargnés. Eux aussi sont confrontés aux mêmes problèmes que les parents des élèves qui vont leur être confiés. Eux aussi, seront faces à des problèmes d’organisation intra familiale. Eux aussi, comme tous les autres, devront composer avec des aménagements incertains rendus parfois fragiles par les émotions des uns et des autres. Chacun va y aller de son angoisse de la rentrée projetant ainsi, de façon parfois confuse, ce qu’il redoute et, à la fois, espère.
Le stress généré par toutes ces organisations croisées est omniprésent. D’aucunes familles s’en sortent plutôt pas mal. Où parce qu’elles en ont les moyens – financiers et/ou logistiques – ou parce qu’elles ont une grande science de l’organisation. Ou les deux. Pour d’autres familles, d’autres enfants, d’autres enseignants, la sauce ne prendra pas nécessairement. Et encore moins, si une charmante petite tête blonde est victime d’une phobie parfois mal détectée donc mal traitée: la phobie scolaire.
Symptômes de la phobie scolaire
Le tout premier des symptômes, si ce n’est le seul, c’est que l’enfant victime de phobie scolaire éprouve des difficultés directement liés à l’école (primaire, collège ou lycée). J’entends par là que les symptômes de peur, d’angoisse, de crise de panique, n’interviennent qu’à compter du moment où l’école rentre en jeu. Les symptômes « généraux » les plus habituels sont les suivants:
- Troubles du sommeil
- Attaque de panique
- Sueurs
- Crise de larmes
- Peur irraisonnée
- Douleurs abdominales
- Vomissements
- Tremblements
- Perte de contrôle de soi (émotions)
J’insiste quant au fait qu’à compter du moment où l’idée de l’école et de sa contrainte disparaît, les symptômes d’angoisses disparaissent aussi.
Quels comportements adopter face à un enfant victime de phobie scolaire
Il est particulièrement fréquent que des parents ou d’autres proches associent le refus d’aller à l’école à un caprice ou à un problème quelconque (problème relationnel, social, affectif) et, partant, ne prenne pas la mesure de la réalité. Non pas que les parents n’aient pas de considération pour leur progéniture mais si beaucoup d’entre eux entendent la difficulté ponctuelle, peu comprennent la gravité du problème. C’est bien normal, les parents sont parents et pas… thérapeutes.
Au moindre signe qui puisse s’apparenter à une quasi panique, il est important de parler avec son enfant sans jamais le contredire et, surtout, sans essayer de le raisonner. Réagir de la sorte participe à bloquer les émotions de l’enfant qui aura le sentiment de ne pas être compris ce qui aggravera sa situation. S’il est bien compréhensible que beaucoup de parents voient tout de suite un problème sous jacent dans le refus de leur enfant à se rendre en milieu scolaire, il est important qu’ils pensent en termes d’émotions et non en termes de problèmes pour eux mêmes (organisation, problème supplémentaire à gérer, etc.). Il ya d’autres façons de faire et d’être. Je vais essayer de vous l’expliquer.
La phobie scolaire – Un facteur de dépression
Imaginons que votre enfant exprime de façon très forte son refus de se rendre à l’école. Plutôt que de lui enjoindre de se calmer et d’obtempérer, posez lui toutes les questions possibles. Aidez le à se « vider » de ses émotions. Ensuite, tempérez. Proposez à votre enfant de rester tranquillement à la maison et que vous en reparlerez plus tard. Votre enfant a besoin de vous. Il a besoin de votre écoute. Cela le mettra en confiance de constater que vous ne le jugez pas.
Le moment venu, et si ses symptômes persistent, proposez lui de rencontrer un(e) professionnel(le). Contactez aussi la ou le CPE du Collège ou du Lycée, ou son enseignant(e) s’il est en primaire. Avec eux, essayez de comprendre ce qu’il se passe ou ce qu’il aurait pu se passer. Ne forcez rien. Si vous forcez votre enfant, vous risquez de générer chez lui, angoisses, crise d’angoisse voire crise de panique.
Votre enfant a le désir de vous plaire. Il a besoin de bénéficier de votre amour. Il a parfois très peur de vous déplaire, même s’il s’en défend. Ce n’est pas qu’il ne veuille pas aller au bahut, c’est qu’il ne le peut pas, ou plus, pour des raisons qui lui échappent. Il y a sans doute un certain nombre d’évènements qui, dans le contexte scolaire, empêchent littéralement votre enfant de trouver sa place. Très fréquemment, les enfants entre eux sont assez cruels. Il se peut donc qu’il y ait des relations conflictuelles voire réductrices entre les enfants. Si tel est le cas, n’essayez surtout pas d’intervenir directement auprès des enfants qui se montreraient désagréables auprès du votre. Non seulement cela participerait à ostraciser votre fille ou votre fils mais en ferait sans doute encore plus un bouc émissaire pour les autres élèves. Je vous laisse imaginer ce qu’en termes émotionnels, il pourrait advenir de votre enfant. Et conservez à l’esprit que certains phobiques scolaires sont aussi victimes de dépression.
Dans le cas où votre enfant s’isolerait de façon de plus en plus marquante au point de ne plus du tout pouvoir se rendre dans son établissement scolaire, n’hésitez pas à consulter un spécialiste. La thérapie comportementale ou TCC a fait maintes fois la preuve de son efficacité en pareille situation. N’hésitez pas donc pas à consulter voire à changer de thérapeute si cela ne convient pas à votre enfant. Il s’agit de sa prise en charge thérapeutique et non de la vôtre.
Autant que faire se peut, soyez le plus accompagnant possible. N’essayez surtout pas de manier contraintes ou chantage affectif. En refusant de se rendre à l’école, votre enfant dit quelque chose dont la phobie scolaire est le symptôme. Laissez du temps au temps. Il est jeune et mieux vaut s’en occuper maintenant, à son rythme, plutôt que de prendre le risque de faire comme tous les autres alors qu’il ne le peut pas.
Il est vrai que nous, parents, aimerions que les choses roulent d’elles mêmes. Alors, souvenez vous de ce que vous faites et de ce que vous aimeriez que l’on fasse pour vous quand vous êtes en difficulté et que vous avez le sentiment que, malgré vous, vous perdez le contrôle.
La phobie scolaire – Un stress environnemental
Comme dans tout système social, il existe des inter actions toxiques en milieu scolaire. Pour des raisons qui relèvent de l’estime de soi, de la confiance en soi, mais aussi des relations intra familiales, l’enfant victime de phobie scolaire est d’abord victime d’un stress environnemental. De quoi s’agit-il?
L’école est un lieu d’apprentissage et pas seulement scolaire. Tout au long de sa scolarité, les enfants vont apprendre à se positionner donc à s’affirmer ou non. Les jeux de comparaisons sont le quotidien de nos charmants bambins. Entre la réussite scolaire, le milieu social, les questions d’appréciation physique, intellectuel, culturel, financier, familial, pour ne citer que les plus habituels, les enjeux sont considérables.
L’enfant doit donc répondre à un nombre de stimuli particulièrement important et, bien sûr, il lui est demandé d’y répondre de la meilleure façon possible. Au gré des années, votre enfant, tout comme vous en votre temps, se cassera les dents sur certaines difficultés qui lui apprendront à se comporter de la façon convenue. C’est du moins comme cela que l’on pense que les choses vont se passer. Dans la réalité, c’est autre chose… Les traumatismes liés à ces périodes sont légion.
De fait, les enfants sont soumis à une pression constante qui est un vecteur de stress important. Or, tous les enfants, pour tout un tas de raison, ne sont pas nécessairement outillés pour affronter tous ces stimuli. La difficulté réside donc dans leurs capacités à absorber les informations et à la traiter, c’est à dire à se comporter de façon adaptée pour correspondre aux injonctions de leur environnement. Ils ne savent que trop que s’ils n’y satisfont point, le rejet ou l’exclusion, ou à tout le moins le sentiment qu’ils en ont, ne tardera pas à se faire valoir. Or, les enfants ont une peur viscérale de ne pas être aimés car ils imaginent très douloureusement le prix de la solitude. Un prix qu’ils savent ne pouvoir s’offrir. Plus tard. Peut-être.
Cette peur leur fait supporter l’insupportable. Tout comme cette angoisse latente leur fait se manquer de respect et accepter, parfois, l’inacceptable. Ils commettront des expériences sociales qui peuvent les mettre dans des situations émotionnelles qui les obligeront, pour conserver leur place, à prendre plus de risques encore, jusqu’au jour où… A l’inverse, leurs résistances aux injonctions peut participer à les mettre à l’écart et, de fait, leur faire ressentir de l’environnement scolaire une telle inimitié que leur seule possibilité est de s’en protéger en refusant d’y retourner.
La phobie scolaire ou l’exclusion du système
Dans tout ce fatras, n’oublions jamais qu’un système, quelqu’il soit, ne supporte pas que l’un de ses membres soit différent. Ce système fera donc tout pour contraindre l’impétrant à regagner ses rangs. En cas d’échec, l’exclusion n’en sera que plus violente et pérenne contraignant le phobique à se tenir à l’écart le plus longtemps possible. Voire, définitivement. Un tel évènement aura tôt fait de rassurer le système sur ses propres modalités de fonctionnement et l’enfant affecté de phobie scolaire sur son incapacité à s’adapter. Sans oublier qu’un certain nombre d’enseignants font montre d’une absence totale de bienveillance, trop occupés à satisfaire les objectifs de leur employeur, ou à s’égocentrer sur les propres difficultés. Merci l’éducation nationale, merci les hommes.