Quel lien peut-il donc exister entre la jalousie, l’angoisse et l’anxiété. En fait, il s’agit de quelque chose de dramatiquement simple. Cette relation délétère repose sur une conjonction de phénomènes qui participent à donner vie à la jalousie.
Les personnes jalouses, que ce soit de façon pathologique ou non, peuvent être durablement affectées par une certaine mésestime de soi associée à un manque de confiance en soi. L’être aimé (si tant est que l’on puisse parler d’amour vrai en matière de jalousie) est l’objet d’une attention telle, d’une pré occupation telle, que la simple idée qu’il puisse échapper au contrôler de la personne qui exerce sa jalousie, que cela en devient en facteur d’angoisse et d’anxiété.
En effet, un jaloux ou une jalouse éprouve le besoin de contrôler l’autre, objet de son désir intense, de son attachement pathologique au point de ne plus le respecter dans ses choix, ses désirs, au point de le nier en tant qu’être, pour se l’accaparer et ainsi, en ses lieux et place, se rendre maitre de tous les domaines de la vie de l’autre en lui assénant ce qui est bien ou ce qui est mal.
Dans cet article, je vais donc essayer de vous expliquer en quoi la jalousie est symptôme d’angoisse comme un support à l’anxiété. En effet, quoi de plus angoissant que l’autre, objet d’attachement, nous échappe, alors qu’il ou elle est la personne qui donne une valeur à celui ou celle qui n’en n’a pas pour lui même. N’y a t’il pas de quoi être angoissé ou anxieux à la seule évocation que l’autre puisse avoir une vie en dehors du couple et que, partant, il puisse faire acte d’autonomie, de comportement adulte?
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Relation entre la jalousie et l’angoisse
Le mot jalousie vient du Grec Zelos ce qui signifie désir intense ! Tout un programme… La jalousie procède d’une intention plus ou moins pathologique de contrôler l’autre. Cela signifie que l’autre, objet de désir, doit rendre compte dans une relation de non confiance.
Dans la question de la jalousie, et es comportements qui se rapportent à la jalousie, il y a une victime et un bourreau. La particularité de ce problème est que le bourreau de l’un est la victime de l’autre qui elle même est la victime de l’autre qui est aussi un bourreau.
La jalousie s’exprime de diverses manières. Elle n’est pas l’apanage d’un sexe ou d’un autre. La jalousie repose donc sur un certain nombre d’actes accompagnés de paroles qui permettent à la personne de s’assurer que, de l’autre, rien ne lui échappe. La personne victime de jalousie doit donc se justifier en permanence, justifier chaque fait et geste, encore et encore.
Quoiqu’il soit justifié, le doute subsiste quand à la véracité des justifications exprimées. De façon très paradoxale, plus la personne objet de jalousie se justifiera, moins elle sera crue. Ainsi, la jalousie peut amener à des pertes de maitrise parfois fatales, ce qui peut conduire à un crime passionnel.
La jalousie repose sur une adéquation assez toxique dans la mesure où la personne qui jalouse souffre le plus souvent d’une image de soi – narcissisme – assez fragile et d’une confiance en soi réduite. En sur investissant l’autre, elle tente de s’assurer qu’aucune trahison ne puisse être possible d’une part puisque, dans le cas contraire, cela la confronterait à ce qu’elle redoute le plus: ne pas avoir été à la hauteur, en bref, échouer, ce qui constitue une angoisse chronique chez les personnes jalouses.
En quoi la jalousie est-elle un symptôme d’angoisse et un vecteur d’anxiété
Qu’une personne soit jalouse ou soit victime de jalousie, dans les deux cas, il s’agit bien d’une angoisse qui se meut en anxiété. Pourquoi? Tout simplement parce que, comme je l’écris le plus souvent dans ce blog, l’angoisse est une peur projective spontanée et accessoirement violente (cf. crise d angoisse) qui se réfère à une chose, à quelqu’un ou à un évènement dont on craint de perdre le contrôle. De soi comme de l’évènement lui même, mais aussi de ses conséquences. L’anxiété, ou trouble anxieux, voire trouble anxieux généralisé, est une angoisse chronique. On parle de chronicité dans la mesure ou l anxiété est une angoisse qui, comme j’aime à le dire, a pris ses quartiers!
La personne jalouse craint donc que l’autre, qu’elle prétend aimé, est un pré occupation pour elle. La personne jalouse a peur. Peur de ne pas être aimé, peur d’être trahi, peur d’être trompé, peur d’être seul, peur de ne pas à la hauteur, peur d’échouer, peur et encore peur.
La personne jalouse a souvent d’elle une estime basse et investit l’autre de sorte à ce que lui soit renvoyé d’elle une image positive. A cette fin, la personne jalouse utilise la culpabilité, use et abuse des sentiments. Elle manipule, menace, vitupère, voire pire si elle n’a pas ce qu’elle souhaite. La personne jalouse ne considère pas l’autre, objet de sa peur, comme un être humain au sens du respect et de l’amour. L’autre lui doit quelque chose. reconnaissance, fidélité, loyauté, etc.
La personne jalouse n’est fondamentalement ni méchante ni mauvaise. C’est surtout une personne qui souffre énormément d’un manque de confiance en soi mais à un niveau pathologique qu’elle trouvera toujours tout un tas d’explications pour justifier son comportement. Le premier d’entre tous, le plus fort, le plus beau, le plus unanime, celui dans lequel nous avons toutes et tous le désir de nous reconnaître: l’amour!
A ce titre, l’homme jaloux, comme la femme jalouse, pique des crises parfois terribles et manque de contrôle de si. Dans ces situations, les intéressés ne s’appartiennent plus, ils sont comme hors d’eux. Ils contrôlent tout. Du moindre coup de téléphone au plus petit détail au fond d’une poche. Ils épient, mentent pour avoir la vérité, demandent encore et toujours plus d’explications, requièrent noms, dates et heures et tutti quanti.
La personne jalouse n’agit pas, ou plutôt ne réagit pas, de la sorte pour le plaisir d’ennuyer l’autre. Ce comportement répond quasi exclusivement à la nécessité d’être rassuré sur elle même et pour cultiver d’elle une image positive et à la fois victimologie: « Je ne le fais pas exprès, tu m’y contraint par tes comportements. C’est de ta faute ». La plupart du temps, la personne jalouse est fort habile quant instiller doute, honte et culpabilité chez l’autre.
La personne jalouse est donc victime d’une angoisse particulièrement forte à propos de laquelle elle inter agit avec l’autre, l’objet de sa jalousie, dans une relation de pouvoir qui peut aller jusqu’à un exercice réel de droit de vie et de mort. De fait, cette relation n’est donc pas seulement un médicament contre l’angoisse mais aussi un médicament contre l’anxiété.
Or, ce médicament est inconsciemment entretenu par la personne victime de la jalousie de l’autre. En effet, « on » n’entretient pas une relation avec quelqu’un de jaloux pour n’importe quelle raison bien que cela soit inconscient au départ. La victime comme le bourreau on chacun leurs objectifs narcissiques à satisfaire et, avant d’être victime de l’autre, ils sont, en tout premier lieu, victime d’eux même !
De fait, les deux acteurs de cette relation souffrent d’une anxiété particulièrement forte et déstabilisante. Chacun aime quelqu’un qui lui fait du mal et s’angoisse ou est anxieux à l’aidée de souffrir du comportement de l’autre en plus de ne savoir y faire pour que les choses s’arrangent.
Je me souviens d’un couple qui était venu me consulter il y a quelques années. L’un des deux ne supportait pas que l’autre regarde des personnes du sexe opposé. Celui des deux dans le couple qui faisait l’objet de cette interdiction devait marcher les yeux baissés, devait détourner les yeux si on lui adressait la parole. L’intéressé en souffrait énormément, affirmait son courroux à ce propos mais craignait encore plus les crises de son bourreau. Ce même bourreau avait bien conscience du problème que ses exigences créaient mais ne pouvait pas s’en empêcher. Ce même bourreau, qui souffrait terriblement, avait aussi conscience que cela risquait d’inviter l’autre à être aimé pour ce qu’il est, c’est à dire qu’il en vienne à tromper son bourreau. Ce qui fut le cas ! De cela je vous parlerais dans un autre article comme je vous parlerais de la façon dont nous avons résolu leur problème de couple.
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